Interview : la mobilité selon Christophe Maisiat

Publié le 07/04/2014 à 17h21

Nous ouvrons aujourd'hui le troisième et dernier volet des Journées du scooter électrique 2014. Cette 6ème édition se clôture avec l'interview de Christophe Maisiat, utilisateur passionné de véhicules électriques légers. Nous lui avons demandé pourquoi et comment il en fait usage au quotidien...

La Semaine du Développement Durable a démarré mardi dernier, 1er avril 2014. Pour maximiser la visibilité de cette grand-messe annuelle du « consommer autrement », nous organisons dans son cadre les Journées du scooter électrique. Notre objectif est d'aller à la rencontre des acteurs de la mobilité douce pour, à travers des interviews, recueillir leurs opinions, interrogations et inquiétudes...

Les Journées du scooter électrique se tiennent du 1er au 7 avril 2014

La 6ème édition des Journées du scooter électrique nous a d'ores et déjà permis de rencontrer Alexis Peysson de Kleefer, puis Florent Bouffay de la DIP. Pour le 3ème et dernier volet, nous avons souhaité obtenir le point de vue d'un utilisateur final. C'est la raison pour laquelle nous avons sollicité Christophe Maisiat, commentateur actif des sujets à thématique « mobilité douce » sur Scooter System...

Bonjour Christophe. Pouvez-vous vous présenter ?

Je m'appelle Christophe Maisiat, j'ai 49 ans, enseignant depuis 27 ans, j'habite tout près de Paris à Issy-les-moulineaux. Durant 25 ans, je me suis rendu à mon travail en voiture (22 km aller et retour chaque jour). Adolescent, je me déplaçais en mobylette, je vivais alors en province.

Comment en êtes-vous arrivé à la mobilité électrique ?

En 2013, je décidais de me faire muter dans ma commune de résidence. Désormais, l'essentiel de mes déplacements se réduiraient essentiellement à l'intra muros. La voiture devenant alors inadaptée, il fallait envisager un mode nouveau de mobilité.

Dans un premier temps, je projetais l'achat d'un scooter 50cc, mais rejetais très vite l'idée en raison d'un encombrement dont je ne voulais pas. L'idée a commencé à poindre en regardant d'un oeil amusé et intéressé l'e-Solex.

Ne plus polluer, ne plus passer à la pompe (et à la caisse), ne plus créer de bruit : j'étais manifestement prêt pour l'électrique. En parcourant la toile, vous suivez (ou pas) des liens qui s'offrent à vous, et de fil en aiguille, je suis parvenu jusqu'au « nouveau monde » : celui des trottinettes électriques !

Vers quel modèle vous êtes-vous tourné et pourquoi ?

Quand on découvre un domaine inconnu, des repères sont nécessaires pour s'approprier les nombreuses arcanes qui jalonnent votre parcours de néophyte. Aussi, je me mis en quête d'informations : sites, blogs, forums, pour in fine, définir un choix.

Il se porta sur l'Egret One v2, mise en évidence par de nombreux sites pour ses qualités. Elégante, racée et rapide, je ne regrettai pas ce premier achat... bien que perfectible. Car la trottinette idéale n'existe pas encore !

Christophe a porté son choix sur l'Egret One dans sa V2

Si tel était le cas, elle serait dotée d'un confort irréprochable (pneus gonflables et amortisseurs), d'une autonomie de 25 km et d'une vitesse de pointe d'un minimum de 25 km/h. On pourrait également discuter de son poids, même si personnellement c'est secondaire (ne pratiquant pas l'intermodalité), ce n'est pas négligeable pour autant !

Que pensez-vous de l'arrivée des généralistes ?

Segment neuf de la mobilité, le marché de la trottinette électrique était jusqu'alors circonscrit à quelques marques et modèles, souvent d'obédience asiatique, dont la fabrication et la commercialisation faisaient parfois preuve d'un certain empirisme...

L'arrivée de grandes marques, dont la force de frappe est reconnue par tous, apportera une plus grande diversité (quantitative et qualitative) et un indispensable professionnalisme afin de développer et promouvoir à grande échelle ce moyen de transport.

On voit bien, peu à peu, se dessiner une évolution du marché. Pour la révolution il faudra encore patienter...

Quel est votre point de vue sur le cadre légal ?

Le conducteur d'une trottinette électrique se voit à l'heure actuelle assimilé à un piéton. On comprend aisément que ce statut soit inadapté ; cette mobilité nouvelle (relativement) rapide et très réactive a besoin d'un nouveau cadre juridique qui ne sclérose plus son expression.

Imaginons alors un statut identique à celui des cyclistes, qui permettrait de pratiquer la trottinette sur les pistes cyclables, voire même sur la chaussée. La trottinette électrique ne peut être réduite à « faire le trottoir » !

Comme en vélo, Christophe utilise un casque et une sonnette...

L'aménagement de la ville du futur doit être repensé... Il reste beaucoup d'efforts à réaliser pour diminuer toutes formes de pollution. Cela passera aussi par la voie de l'électrique !

Comment se traduit votre passion ?

Conquis par l'efficience de ma nouvelle mobilité, l'envie de partager mon expérience avec d'autres « pratiquants » n'a pas tardé à apparaître. Une rencontre fortuite avec l'auteur du blog « les trottinettes électriques portables » (et de son forum afférent) a été le déclencheur.

Ces lieux permettent de nombreux échanges, de prodiguer des conseils (améliorations apportées par les uns et les autres), d'émettre des critiques. C'est aussi l'opportunité de tisser des liens et de provoquer des rencontres : l'échange épistolaire ayant ses limites...

Parmi les améliorations populaires, la rallonge de garde-boue...

En somme, j'essaie de faire avancer la cause, modestement, mais passionnément. Mes nombreuses interventions sur « Scooter System » en attestent également !

Comment envisagez-vous le futur du segment ?

Si, pour le grand public, la notion de développement durable souffre d'une notoriété confuse, il convient d'en rappeler la définition : « répondre aux besoins du présent sans compromettre ceux des générations futures ».

La mobilité du futur s'inscrira immanquablement dans cette logique. S'il est difficile d'envisager la ville de demain sans voitures, on peut raisonnablement la penser avec davantage de véhicules électriques.

La trottinette électrique ultra légère (5/6 kg, rêvons un peu) qui se recharge en moins d'une heure jalonnera les rues (désormais adaptées) de nos mégalopoles. D'autres véhicules (le VAE, le Solowheel) s'imposeront, la mobilité ne se vivra plus comme une contrainte.

Votre véhicule, extension de votre propre corps, ne vous quittera plus, pas même durant vos courses ! Les progrès technologiques auront surmonté des obstacles qu'on croyait infranchissables. En parfaite adéquation avec leurs consommateurs, les grandes enseignes pratiqueront une écoute constructive qui fera avancer la cause, pour tous.

C'est terminé ! Un grand merci à Christophe Maisiat pour son partage d'expérience qui met en lumière le potentiel des véhicules électriques légers pour les déplacements urbains. Nous retiendrons de cet échange la sensation que la filière doit encore se structurer, tant en termes d'acteurs que d'un point de vue légal. Pour les consommateurs, son manque de « maturité » peut constituer un frein.

On peut même aller plus loin puisque des dires même de Christophe, aucune société ne commercialise pour le moment le véhicule idéal qui associerait confort, autonomie, compacité et stabilité... Pour conclure sur ces 6èmes Journées du scooter électrique, nous retiendrons l'idée que malgré la mobilisation de nombreux acteurs, tout reste à faire ne matière de mobilité urbaine électrique.

Merci à ceux qui nous ont suivi et à l'année prochaine !

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