Interview : GreenTrans et le scooter électriqueNous ouvrons aujourd'hui le second volet des Journées du scooter électrique 2014. Le coup de projecteur spécial « mobilité douce » porte sur Florent Bouffay, en charge de la marque GreenTrans pour la DIP. À travers un interview, il nous a livré sa vision du marché du scooter électrique en France...

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GreenTransLa Semaine du Développement Durable a démarré mardi dernier, 1er avril 2014. Dans son cadre, nous organisons comme chaque année les Journées du scooter électrique, un rendez-vous consacré aux acteurs de la mobilité verte. En les interrogeant sur leur vision du marché, des technologies et du cadre légal, nous dressons avec eux un état des lieux des transports de demain.

Les Journées du scooter électrique se tiennent du 1er au 7 avril 2014
Les Journées du scooter électrique se tiennent du 1er au 7 avril 2014

Après avoir accueilli Alexis Peysson de Kleefer, nous sommes allés à la rencontre de Florent Bouffay, responsable marketing à la DIP et chargé de communication pour la marque GreenTrans. Il s'est prêté au jeu des questions / réponses sur le thème du scooter électrique. Sa vision de spécialiste du marché du deux-roues urbain est un véritable atout pour comprendre les enjeux sur ce segment !

Bonjour Florent. Pouvez-vous nous présenter la DIP ?

La société DIP, implanté à Marseille, est importateur et distributeur exclusif pour la France de motos, scooters, cyclomoteurs et accessoires. Elle a commencé dans l'importation de 2 roues en 1968 avec le marque italienne Itom.

C'est maintenant plus de 40 années de passion pour le 2 roues, d'adaptation aux différentes législations et aux difficultés croissantes du commerce. Depuis sa création, plusieurs grandes marques ont fait appel à la société DIP pour son expérience et son professionnalisme.

On peut citer les marques comme Fantic Motor, Beta, Aprilia ou encore Malaguti. Puis, avec l'ouverture des marchés européens, la société a du prendre un tournant en travaillant avec les pays asiatiques comme la Corée à travers les marques Hyosung et Daelim.

À aujourd'hui, la société DIP distribue 7 marques en exclusivité pour la France :

Cela nous permet de proposer une offre dans toutes les catégories : scooters de 50 à 300cm3, motos de 125 à 535cm3, scooters électriques équivalents 50cc et Pedelec (ndlr : synonyme de vélo à assistance électrique, ou VAE).

Comment en êtes-vous venu au scooter électrique ?

Comme toute société, la DIP cherche à pérenniser son activité. Elle s'intéresse depuis longtemps à la mobilité électrique. Pour nous, c'est la solution la plus aboutie pour répondre aux problèmes de déplacement urbain, de pollution urbaine et à l'augmentation du coût du carburant et des coûts d'entretien d'un scooter thermique.

Même si pour l'instant, on ne peut pas vraiment parler de marché pour la France, la société DIP veut être un élément actif dans le développement de la mobilité électrique. Elle entretient pour cela des liens étroits avec GreenTrans pour proposer des produits en adéquation avec les besoins urbains. Pour l'instant, nous importons 2 modèles équivalents 50cm3 :

  • L'EM 50, proposé à 2390€ TTC en tarif de lancement.
  • L'EM 80, vendu 2990€ TTC en tarif de lancement.

GreenTrans commercialise 2 scooters électriques estampillés EM
GreenTrans commercialise 2 scooters électriques estampillés EM

Comment se porte GreenTrans sur le marché asiatique ?

GreenTrans est une filiale du groupe CMC Corporation Taiwan, qui est le 2ème constructeur automobile à Taïwan et aussi un partenaire exclusif de Mitsubishi. CMC, riche d'une expérience de 40 ans dans l'industrie automobile comme concepteur de véhicules, s'est donné comme mission de trouver une solution efficace de transport vert, et de participer à la protection de l'environnement.

C'est ainsi qu'a débuté l'aventure de CMC dans l'industrie écologique. En 2009 est créée la marque GreenTrans, avec comme objectif de préserver l'environnement mondial et de proposer les meilleures solutions dans l'univers du Pedelec et du e-scooter. Le slogan est vite trouvé : « Your Natural Move ».

GreenTrans a remporté le RedDot Design Award en 2010 en dévoilant son premier modèle de e-scooter, l'EM50. Depuis 2010, GreenTrans a vendu plus de 18 000 unités de scooters électriques à Taïwan et atteint près de 70% de son marché intérieur.

Plus de 18 000 taïwanais roulent au quotidien en e-scooter GreenTrans
Plus de 18 000 taïwanais roulent au quotidien en e-scooter GreenTrans

Maintenant, GreenTrans exporte vers plusieurs pays européens comme la France, l'Allemagne et les Pays-Bas. En 2014, GreenTrans va présenter sa gamme sur d'autres marchés comme Macao et la Malaisie. La marque exporte ses e-scooters dans plus de douze pays.

Quelles sont vos attentes sur le marché français ?

Nos attentes sont très modestes pour l'instant sur le marché français. Les consommateurs n'ont pas encore franchi le cap sur le déplacement en véhicules électriques et les chiffres des ventes de scooters électriques le prouvent : elles sont même en diminution.

Notre objectif est de faire changer les opinions sur les véhicules électriques et de continuer à développer notre branche électrique. Nous voulons être partie prenante de ce nouveau marché et faire comprendre à notre réseau que le marché du scooter électrique n'est pas négligeable et qu'il vaut mieux commencer à présenter dès maintenant une alternative au scooter thermique que de prendre le train en marche.

Quels sont les atouts de la marque face à la concurrence ?

GreenTrans est leader dans le secteur de la mobilité électrique à Taïwan. Avec le soutien de sa société mère, forte de son expérience et de ses connaissances techniques acquises dans le domaine automobile depuis 40 ans, GreenTrans propose des scooters de qualité, fiables et avec une technologie sophistiquée. Ses modèles équivalents 50cc correspondent aux besoins actuels. ils offrent le compromis idéal pour un usage urbain : gabarit du véhicule / autonomie / tarif de vente.

GreenTrans propose des scooters avec de nombreuses idées novatrices par rapport à la concurrence, telles qu'une béquille centrale électrique, une marche arrière, un régulateur de vitesse automatique ou encore une assistance électrique au déplacement limitée à 5 km/h.

Cela peut sembler très « gadget » mais en utilisation journalière, l'usage des scooters GreenTrans est d'une simplicité et d'une facilité déconcertantes. En se référant à l'univers automobile, qui pourrait maintenant se passer de la fermeture centralisée des portes ou des vitres électriques ? Pourtant, au départ, ces accessoires semblaient inutiles...

Ces innovations rendent aussi ces scooters accessibles à des utilisateurs à mobilité réduite. Un autre point important est l'utilisation de batteries amovibles et portables et du système « Plug-out », permettant pour ceux qui n'auraient pas de prise de courant dans le garage ou à l'extérieur de recharger leur batterie sur n'importe quelle prise en 220 V (dans un appartement, bureau...).

La batterie se recharge via une prise secteur conventionnelle. Pratique !
La batterie se recharge via une prise secteur conventionnelle. Pratique !

Les scooters GreenTrans proposent également une fonction « Boost » qui, durant 20 secondes, double la puissance du moteur pour déjouer des aléas de la circulation. L'ensemble de ces innovations permet d'avoir une expérience de conduite facile et agréable au quotidien.

Adoptez-vous une approche différente pour la distribution des modèles électriques ?

En France, les magasins spécialisés dans la mobilité électrique ne font pas légion et cela est aussi compréhensible par rapport au potentiel. Notre approche est d'utiliser notre réseau de distribution conventionnel en 2 roues et d'y implanter des scooters électriques pour que nos revendeurs puissent proposer une alternative électrique, et attirer ainsi une nouvelle clientèle.

Mais comme énoncé plus haut, il est nécessaire de changer le comportement et les idées reçues des magasins vis-à-vis du scooter électrique. On retrouve en effet les mêmes points de réticence chez les professionnels que chez les consommateurs :

  • Autonomie limitée : en conditions d'utilisation normales, l'autonomie moyenne du EM 50 est d'environ 35 kilomètres. C'est bien plus que le trajet urbain moyen d'un utilisateur de 2 roues pour aller travailler.
  • Longévité de la batterie et temps de recharge : c'est un faux problème car les technologies ont beaucoup évolué en termes d'électronique. Les batteries GreenTrans ont par exemple une durée de vie de 2000 cycles de recharge, soit environ 70 000 km parcourus. Il suffit en outre d'une heure de charge pour retrouver 80 % d'autonomie...
  • Tarif élevé : le GreenTrans EM 50 est proposé au tarif de lancement de 2390€ TTC, ce qui est très proche de certains scooters classiques. Mais avec un scooter thermique, il faut rajouter les coûts d'entretien (vidange, bougie, réglages), du carburant (SP 98) et de l'assurance, plus chère. Additionnées, ces dépenses sont loin d'être négligeables sur la durée de vie du scooter.

Les technologies, notamment côté batteries, ont nettement évolué en 10 ans
Les technologies, notamment côté batteries, ont nettement évolué en 10 ans

En revanche, sur un scooter électrique, l'entretien moteur est quasi nul. Le coût d'une recharge est inférieur à 20 centimes. Il démarre toujours, est propre à l'utilisation et ne présente pas de risque de se tacher en faisant le plein de carburant ou en répandant de l'huile moteur...

Formez-vous votre réseau pour l'entretien et le SAV ?

Oui, notre service technique et SAV est formé par les techniciens de GreenTrans, qui interviennent au sein de la société et directement dans notre réseau.

Quel est le profil type des acheteurs de scooter électrique ?

Il n'y a pas vraiment de profil type pour les personnes achetant un scooter électrique. Ce sont simplement des consommateurs sensibles à l'environnement et à leur budget. À travers l'acquisition d'un scooter électrique, ils trouvent un moyen pratique, propre et innovant pour assurer leurs déplacements quotidiens.

Les scooters électriques GreenTrans sont-ils sujets à subvention ?

Oui, mais malheureusement pas dans le même cadre que l'automobile. En effet, il n'y a pas de prime de l'Etat sur les 2 roues électriques. Pour être éligible à une subvention, il faut avoir la chance de résider dans une ville qui développe un programme pour lutter contre la pollution urbaine et les nuisances sonores.

Pour en bénéficier, il faut en général faire une demande de subvention auprès de la mairie, accompagnée de la carte grise du véhicule, d'un justificatif de domicile et de la copie de la facture d'achat pour obtenir une aide dont le montant est fixé par la ville. Il varie entre 250 et 500€ selon les municipalités.

Comment envisagez-vous le futur du scooter électrique ?

C'est très difficile à entrevoir, le marché évoluera en fonction du comportement de chacun et des institutions publiques :

  • Les politiques et les grandes entreprises vont-ils continuer à freiner son développement en raison des ressources non négligeables obtenues avec les taxes pétrolières ?
  • Les constructeurs vont-ils continuer à investir pour faire évoluer les technologies électriques malgré des résultats commerciaux peu encourageants ?
  • Les pouvoirs publics envisageront-ils le lancement d'une prime d'Etat sur le 2 roues électriques ?
  • Des « zones zéro émission » en centre-ville vont-elles être mises en place comme dans d'autres pays à travers le monde ?

Ce sont autant de questions qui détermineront l'avenir du marché du scooter électrique !

Et voilà, c'est terminé ! Nous remercions chaleureusement Florent Bouffay de la DIP pour nous avoir accordé de son temps et un peu de sa précieuse expertise. Nous retiendrons de cet échange un bien étrange paradoxe : alors que les technologies n'ont jamais été aussi pertinentes, le consommateur moyen a toujours du mal à faire confiance au scooter électrique : les chiffres parlent d'eux-mêmes...

Espérons qu'en formant son réseau de distribution « traditionnel » à la technologie, la DIP attire de nouveaux motocyclistes vers ce segment. Mais, comme l'explique si bien Florent en conclusion, d'autres facteurs rentrent en jeu, et cela à des niveaux bien supérieurs... Nous vous donnons rendez-vous lundi prochain, 7 avril, pour le 3ème volet consacré à Christophe Maisiat, un utilisateur passionné.

Site officiel : dip.fr.