Essai Ninebot ML et Inmotion V3

Il y a quelques mois, nous vous présentions avec intérêt la nouvelle vague de gyropodes importés en France par la société Gyrostep. Aujourd'hui, c'est un essai complet que nous vous proposons, après avoir testé les Ninebot- ML (ou Ninebot-C à l'étranger) et Inmotion V3 durant une grosse dizaine de jours. Ces deux nouveautés 2015 nous ont accompagnés durant nos trajets du quotidien en métropole nantaise !

À réception, une mise en charge s'impose avant les premiers tours de roues

L'intérêt de ce double essai est de comparer leur pertinence dans le cadre d'un usage urbain, dans la mesure où ils offrent une expérience diamétralement opposée. Car s'ils fonctionnent tous deux sur le principe de la stabilisation gyroscopique et sont dépourvus de guidon, tout les sépare une fois lâchés dans la jungle urbaine : sensations de pilotage, niveau de confort, gabarit, poids, autonomie...

Ninebot ML, le paquebot des rues

Le Ninebot ML est une version raccourcie du Ninebot-E, qui adopte un format très similaire à l'incontournable leader du segment : Segway. Si l'absence de guidon peut être déroutante de prime abord, elle offre un intérêt majeur : le véhicule se conduit avec les jambes et les genoux, offrant une grande liberté de mouvement et permettant de porter des sacs ou de téléphoner sans prendre de risques.

Le Ninebot ML se pilote grâce à un bras qui remonte jusqu'aux genoux

Une fois chargé (4 heures sur prise secteur) et allumé grâce à sa petite télécommande sans-fil, le Ninebot ML s'active en posant un pied sur l'une des plateformes. Puis, le temps d'un « bip », il est prêt à vous emmener où bon vous semble, tous feux allumés. Son large plateau est facile d'accès et rassurant pour les débutants, qui n'ont besoin que de quelques secondes pour parcourir les premiers mètres.

Inmotion V3, la mobilité tape-à-l'oeil

De son côté, l'Inmotion V3 adopte une conception similaire au Solowheel que nous avions essayé pour vous fin 2012. On retrouve les 2 plateformes latérales rétractables sur lesquelles les pieds viennent se poser, mais non pas une mais 2 roues centrales. Nettement plus fines, ces dernières offrent au véhicule une meilleure stabilité à l'arrêt et à vitesse réduite, facilitant grandement la prise en mains.

L'Inmotion V3 se rapproche du Solowheel et autres « roues magiques »

Le véhicule se démarque sur le plan esthétique avec des carénages protecteurs à la finition plus soignée. Derrière leur look ultra-moderne façon « Transformers », ils constituent une prouesse en matière d'intégration : rien ne dépasse, tout est à sa place. On voit que le véhicule a fait l'objet d'un cahier des charges exigeant. C'est un bon en avant évident face à une concurrence qui se cherche encore.

L'Inmotion V3 intègre de nombreuses innovations bienvenues. C'est le cas de sa poignée rétractable qui permet de le transporter comme une valise trolley lorsqu'il est éteint. Mais aussi de son éclairage intégré, qui vire du blanc au rouge selon la direction. Ou enfin, plus gadget et 100% « m'as-tu-vu », du haut-parleur Bluetooth intégré, pour écouter la musique de votre smartphone en toute discrétion...

La poignée télescopique façon valise trolley nous a beaucoup servi...

Quand on arrive en ville...

Pour tester les deux véhicules, nous nous sommes attaqués au centre-ville de Nantes en variant les itinéraires : un peu de piste cyclable, des pavés, pas mal de trottoir et quelques galeries commerciales et magasins. La multiplicité des terrains nous a permis de juger de leur intérêt face à d'autres modes de transport comme le VAE, la trottinette électrique ou le skateboard électrique.

La bonne nouvelle, c'est que les deux ont rempli leur objectif. Avec ses grandes roues à pneus gonflables, le Ninebot ML s'est révélé très confortable sur tous les types de revêtements. Le franchissement des pavés, sols abîmés et trottoirs jusqu'à 5cm ne lui pose aucun problème. C'est même l'un des véhicules électriques les plus agréables à rouler que nous ayons eu l'occasion d'essayer.

Le Ninebot ML est parfaitement adapté à une utilisation urbaine

À l'inverse, l'Inmotion V3 s'est révélé très peu à l'aise dès que les sols n'étaient pas parfaitement plans. S'il est plus facile d'accès que le Solowheel auquel il ressemble beaucoup, il est clairement moins facile à maîtriser en environnement urbain. En raison de se 2 roues à la fois proches et fines, son pilotage réclame une grande vigilance et un travail important au niveau des genoux... sous peine de chuter !

Poids lourd vs. poids plume : le match

Si le Ninebot remporte haut la main la médaille du confort, son gabarit XXL n'est pas toujours un atout. C'est le cas dans des ruelles bondées où il devient impossible d'avancer plus vite qu'un piéton. Ou sur un trottoir, lorsqu'une voiture mal garée ne laisse pas suffisamment d'espace pour passer. Ou, enfin, lorsqu'on arrive dans un petit commerce qui n'offre aucun espace en dehors de la surface de vente.

Le constat est similaire côté poids. Avec pas moins de 24 kilos sur la balance, le Ninebot n'est pas le type de véhicule qu'on soulève pour descendre des escaliers ou monter dans un bus... Il est ainsi plus adapté pour des trajets complets (porte à porte) que dans une optique d'intermodalité (le fameux dernier kilomètre). Il n'est pas non plus le plus pertinent pour aller faire les boutiques en ville.

Pas facile de monter dans un tramway de ce type avec le Ninebot ML !

De son côté, l'Inmotion V3 a su tirer profit de son gabarit ultra-compact pour se faufiler partout : si un piéton peut le faire, il le peut aussi ! Sa poignée télescopique le rend même plus pratique que ses concurrents de type « roue magique ». Loin du simple accessoire marketing, elle nous a rendu service à plusieurs reprises en évitant d'avoir à porter ses 13,5 kg à la seule force des bras. C'est appréciable.

L'Inmotion V3 se glisse facilement entre les jambes ou dans un coin. Pratique !

Hautement technologiques

Ce qui nous a frappés avec cette nouvelle génération de véhicules électriques légers, c'est la quantité d'électronique embarquée. Quand des marques comme Go-Ped ou Go-Board se contentent de l'indispensable trio moteur-contrôleur-batterie, Ninebot et Inmotion sont passés au stade du tactile et de l'objet connecté. La politique en la matière semble être « qui peut le plus peut le moins ».

Chez Ninebot, les choix techniques nous ont toutefois parus plus pertinents dans le cadre d'un usage quotidien. La télécommande sans fil avec fonction d'arrêt à distance est indubitablement une avancée, de même que la mise en route par capteurs de pression au pied et l'application de paramétrage pour smartphone. Cette dernière est disponible gratuitement pour les terminaux sous iOS et Android.

La petite télécommande s'avère pratique à utiliser au quotidien

Inmotion est allé encore plus loin en intégrant à son V3 un mini-écran tactile qui sert à allumer l'appareil et son système d'éclairage. Au lieu de presser un simple bouton, il faut faire glisser son doigt à l'horizontale, à la façon du « slide to unlock » des iPhone. Dans les faits, il nous a fallu en moyenne 3 essais pour y parvenir, ce qui constitue un sacré bond en arrière en matière d'ergonomie...

Les lampes à leds se sont en revanche montrées très efficaces en circulation nocturne. En rendant le véhicule visible de derrière et en éclairant la route jusqu'à 3-4 mètres, elles constituent un atout sécurité indéniable. À titre de comparaison, les lampes du Ninebot servent à être vu, mais pas à améliorer la visibilité du conducteur. Quant à la fonction boom-box en Bluetooth, nous confirmons qu'elle fonctionne !

Alors, c'est qui le meilleur ?

Vous l'aurez compris, les deux véhicules électriques ne ciblent pas le même profil d'utilisateurs. Pour résumer, le Ninebot ML sera idéal pour effectuer des trajets ciblés, comme le classique domicile - lieu de travail. C'est d'autant plus vrai qu'avec 25 kilomètres d'autonomie, il devrait permettre à une majorité de travailleurs urbains d'envisager un aller-retour sans recharge intermédiaire.

Avec ce gyropode, les trajets domicile - boulot deviennent un vrai plaisir

L'Inmotion V3 est quant à lui un formidable outil ludique, idéal pour se familiariser avec les gyropodes et s'amuser en famille. S'il semble tout désigné pour le loisir, nous ne le conseillons pas pour les déplacements du quotidien à cause de sa stabilité trop dépendante du terrain. De même, nous conseillons vivement le port d'un casque et de genouillères + coudières durant la période d'apprentissage.

Reste la question du coût, loin d'être anodine dans cette famille de produits. Les deux transporteurs personnels étant produits pas des usines chinoises, ils affichent des tarifs globalement 50% moins élevés que leurs concurrents directs. Le Ninebot ML s'affiche ainsi à 2790€, contre 7500€ pour le Segway premier prix. L'Inmotion V3 coûte quant à lui 990€, alors que le Solowheel est vendu 1999€.

Alors, le jeu en vaut-il la chandelle ? Nous répondrons « oui », dans la mesure où vous suivez nos conseils en matière d'utilisation. Car en dehors de leurs avantages et inconvénients respectifs, les produits de Ninebot et Inmotion jouissent d'un rapport qualité / prix très intéressant. Ils se paient même le luxe de redéfinir les standards du segment en matière d'accessoires et de finition pour les années à venir !

Nous terminerons ce double essai spécial mobilité verte en remerciant la société Gyrostep, qui les distribue en France. Nous vous invitons à vous rendre sur son site web pour en savoir plus sur les tarifs et revendeurs.